Séminaire proposé par Isabelle Carré
C’est par cette question étrange que nous entamerons le séminaire. Elle nécessitera que nous définissions ce que nous entendons par la psychanalyse : une pratique singulière, une affaire privée, intime, une théorie en mouvement, pratiquée par des analystes citoyens, qui ne peuvent rester indifférents, comme citoyens, face aux pertes des droits des femmes aux USA, face aux violences barbares de la guerre en Ukraine et face à l’actualité mondiale en général.
Notre pratique particulière est, de fait, ouverte sur le quotidien comme sur le social, mais elle ne peut généraliser ou prétendre à l’universel. Enfin, les analystes sont-ils légitimes pour prendre position sur des faits de société en émettant des vérités recouvertes de théories appliquées, sans prendre le risque de faire débat d’opinions ?
Pourtant, si la psychanalyse reste affaire de subjectivité individuelle, elle apporte des concepts fondamentaux structurants pour chacun d’entre nous, dans notre lien à la parole.
Si certaines formulations sur l’Œdipe ou encore sur le désir de pénis remplacé par le désir d’enfant chez la femme sont désuètes et surannées, l’interdit de l’inceste et du meurtre du père font partie de lois symboliques fondatrices et structurantes.
Nous nous demanderons tout d’abord comment s’origine la question du féminin et du masculin, éloignés des stéréotypes sur la féminité et la virilité ? Comment l’analyse s’intéresse à l’être et pas aux normes de genre, puisqu’il y a toujours dans l’analyse du hors norme, mais pas du hors-sol. Hors norme, en effet, car elle s’adresse à la relation au langage et aux mots dans l’inconscient de chacun, dans sa singularité, mais pas hors-sol, car elle reste traversée des signifiants de l’histoire collective.
Ainsi, sans renverser les fondements, il importe de repenser la psychanalyse. A-t-elle échoué comme d’aucuns le prétendent ou reste-t-elle encore un lieu d’expression de la liberté du sujet ? Un psychanalyste ne peut cesser d’inventer et de faire évoluer la pratique et de surcroît la théorie pour pouvoir le rester.
Nous entamerons le séminaire par la lecture du livre de Clotilde Leguil, L’être et le genre : Homme/ Femme après Lacan, et par un extrait d’un autre de ses livres, Les Amoureuses, voyage au bout de la féminité, ainsi que par un passage d’Ecce Homo de Friedrich Nietzsche.
Le 1er mardi du mois à 20h A partir du 4 octobre 2022 à La Tronche, 45 chemin des grenouilles Pour tout renseignement, s’adresser à : Isabelle.carre@gepg.org