Un temps préliminaire à l’interprétation

Texte paru dans la revue Analyse Freudienne Presse, numéro 20, L’interprétation, son acte et ses effets, 2013, Erès.

C’est à l’écoute d’une analyste (1) parlant de sa pratique avec des adolescentes qui se scarifient que m’est venue l’idée de ce texte. Il a ainsi fallu que j’en passe par cette écoute pour que prenne forme ma réflexion sur la fonction de nomination mise en jeu avec ces adolescentes qui passent à l’acte. Mon expérience avec certaines d’entre elles montre que pendant un temps qui peut sembler interminable, et qui est en tout cas indéterminé, le jeu sur ce qui est dit reste très délicat, la parole n’ayant pas le même statut que chez le névrosé, avec des conséquences donc différentes dès que la signification est mise en lumière ou soulignée d’une façon ou d’une autre, y compris par l’équivoque, puisque l’équivoque est aussi une façon de donner à entendre un jeu dans la signification, tout en la mettant en défaut. La signification, son surgissement, son défaut soudain, provoquent régulièrement chez ces patientes un excès de jouissance qui nécessite pour l’évacuer, le border, une scarification. Pendant une période qui pourrait se dire préliminaire chez ces patientes aux prises avec des mouvements massifs de frustration, mes interventions se portent, pour l’essentiel, sur ce que j’appellerai le cadre de mon écoute. Cela peut se dire d’une multitude de façons et aujourd’hui, je le formulerai ainsi : il s’agit de donner à entendre que l’écoute et l’attention flottant pour leur parole, supposant donc, une absence d’interprétation a priori, sont rendus possibles par ces conventions auxquelles je leur demande de se prêter et qui ne sont, d’aucune façon, l’expression singulière de mon bon vouloir ou de mon caprice, mais celui d’une instance tierce.

Or, l’analyste qui m’a donné l’idée de ce texte, Fanny Dargent, m’a permis peut-être d’expliciter une part de ce qui est en jeu dans le transfert lors de ce temps préliminaire et ce qui pourrait décider de son issue.

Manifestement expérimentée dans la pratique avec ces patientes, elle fit le récit de la cure d’une jeune adolescente au cours de laquelle, après une assez longue période marquée par des répétitions de passages à l’acte, la jeune fille se mit soudainement, un jour, à éprouver de la douleur et cessa ses scarifications. Je ne reviendrai pas en détail sur l’évocation de cette cure, mais sur un élément évoqué par Madame Dargent et qui concernait la cessation des passages à l’acte. La cessation des scarifications fut concomitante d’un acte qui se produisit dans le transfert, lorsque la patiente offrit à son analyste, dont le nom assone avec celui d’un métal précieux, un cadeau, une plaque sur laquelle était gravé son propre prénom. L’analyste en parlait comme d’un embarras auquel elle n’avait pas trouvé d’issue : fallait-il ou non accepter ce cadeau, et qu’en faire?

A l’écoute de ce récit, je fus intrigué par cette pierre d’attente, c’est-à-dire par la mention de ce mouvement transférentiel particulier d’inscription, d’allure non-interprétable par l’analyste ni par l’analysante, et peut-être inaugural d’une bascule dans la cure, puisqu’au dire de l’analyste, il fut suivi d’un mouvement de lecture et d’interprétation. Dès lors, une question s’impose concernant le processus à l’œuvre pour cette patiente, processus lui ayant permis de passer d’un registre d’inscription auto-mutilateur à un autre, sans qu’il ne fut tout-à-fait possible de parler d’interprétation au sens freudien – traduction ou production de sens. Avec le passage ainsi constaté d’une parole valant pour un agir, à une parole qui fait acte, la douleur physique se substitua donc à l’analgésie, ce qui est cette particularité si caractéristique chez les patientes qui se scarifient, et qui fait dire à certains qu’il s’agit là d’un phénomène d’hallucination négative avec pour corollaires un clivage corps-psyché massif et une incapacité d’accrocher, dans la parole, les formations de l’inconscient ni de les lire. Or, ce qui apparaît être une constante, c’est que si les scarifications ne sont pas d’emblée prises dans un tissage associatif, semblant alors de prime abord donner la prévalence au caractère quantitatif de la répétition, il arrive souvent que devienne repérable un moment où ce qui est gravé ainsi sur la peau prend la forme de lettres et se lit : il peut souvent s’agir d’un nom, ou de ce que Lacan appellerait une « parole pleine » associée à la fonction du nom (Adieu, je t’aime, injure…). Il arrive aussi que la simple reconnaissance de cette écriture, en proposant par exemple d’écrire sur un autre support, accompagne le déplacement de registre observé chez « la patiente à la plaque gravée ».

De ce déplacement d’inscription, l’analogie improbable qui me traversa l’esprit – et que je souhaite partager avec vous pour mieux en déplier les ressorts – est celle du processus par lequel Champollion arriva au déchiffrage puis à la traduction des hiéroglyphes. Le savant grenoblois réussit à traduire les textes égyptiens en reprenant ce que d’autres érudits avaient auparavant supposé sans parvenir à en tirer bénéfice, à savoir que les cartouches qui sont des cadres isolant certains caractères dans le texte hiéroglyphique gravé, donnaient l’indice d’un nom propre. A titre d’exemple, de façon équivalente, les langues modernes qui utilisent l’alphabet latin se servent de la majuscule initiale d’un mot pour indiquer que ce mot a le statut d’un nom propre. Or les prédécesseurs de Champollion se sont trouvés en difficulté parce qu’ils considéraient que les hiéroglyphes correspondaient à une représentation imagée qui, en aucune manière, ne pouvait correspondre à une écriture littérale, et ne pouvait donc équivaloir d’aucune façon à un alphabet, considérant de ce fait, l’égyptien antique sur le modèle d’une bande dessinée, une sorte d’écriture idéographique universelle. Champollion fit l’hypothèse, qu’au contraire, les hiéroglyphes correspondaient à des lettres, ou des syllabes, et que, partant de là, dès que les équivalences pourraient se découvrir, un décryptage efficace pourrait en être effectué. Pour cela, il se servit de ce que d’autres savaient déjà, il eut donc recours, dans le texte, aux noms propres repérés grâce aux cartouches, puisqu’il ne lui avait pas échappé ce que tous les traducteurs connaissent maintenant, à savoir que les noms propres ne se traduisent pas, mais se translittèrent. C’est-à-dire que, quelle que soit leur éventuelle signification dans la langue où ils ont été forgés, cette signification s’éclipse au profit d’autre chose, qui ne se traduit pas et qui est le lien de la sonorité avec le caractère écrit. En somme, les noms propres sont les seuls mots dans un texte traduit où ce que l’on tente de transmettre est le son au détriment du sens ou de la signification, à l’inverse évidemment de ce qui se passe pour tout le reste du texte. En s’appuyant donc sur cette caractéristique si particulière et universelle, Champollion, identifiant les noms par la répétition de certaines formes encadrées dans le texte, a réussi l’élucidation du mystère séculaire de l’écriture pharaonique que des générations de savants avant lui avaient échoué à résoudre. Faisant correspondre caractère pour caractère les noms repérés dans les cartouches avec ceux des versions grecque et démotique, Champollion parvint à établir une équivalence entre les caractères alphabétiques et les caractères hiéroglyphiques. Cette opération dont il s’est servi en préliminaire du déchiffrage, puis de la traduction, est précisément ce qui s’appelle une translittération.

Si je fais ce détour par l’archéologie ce n’est pas uniquement pour mettre en valeur le patrimoine historique et culturel de la ville de Grenoble et donner envie à nos visiteurs parisiens d’aller découvrir la section d’égyptologie de notre beau musée, mais c’est précisément à cause de ce paradoxe apparent dont la structure semble devoir concerner la question qui nous occupe aujourd’hui, à savoir que Champollion put accéder à la possibilité de traduire et donc aux significations et sens inconnus de ces textes en recourant au préalable à ce qui échappe à la traduction et au sens et qui est le support avéré de l’effet signifiant dans la langue, à savoir le patronyme, dans ce qu’il lui revient d’incarner dans la langue de la fonction du Nom-du-Père.

Ce qui m’a intéressé dans ce modèle “champollionien”, ou “champollionesque”, c’est l’articulation entre plusieurs registres, ou plusieurs temps de ce que nous pourrions appeler l’interprétation. En cherchant un peu, j’ai découvert que d’autres s’étaient évidemment penchés sur la question et d’une manière assez exhaustive, je citerai particulièrement J. Allouch dans son livre « Lettre pour Lettre ». Ces différents temps de l’interprétation, Allouch les a identifiés en trois catégories : transcription, traduction et translittération, qui s’articulent et qui, si elles sont isolables, n’apparaissent pas mises en jeu indépendamment les unes des autres. En voici brièvement les caractéristiques, je cite:

– transcrire est écrire le son, en réglant l’écrit ainsi sur quelque chose hors champ du langage. La transcription veut noter la chose même, elle vise l’assonance. Il y a une butée réelle, puisque l’objet noté ne sera jamais l’objet obtenu, puisqu’est impossible qu’elle produise le tel quel de l’objet. De là son épinglage comme opération réelle au sens où Lacan définit le réel par l’impossible. Mais Allouch affirme plus loin, sans craindre l’obscurité: l’assonance est dans l’imaginaire la façon dont on conçoit l’homophonie quand l’écriture se pense transcriptive
Traduire est écrire en réglant l’écrit sur le sens. L’opération relève d’autant plus de l’imaginaire que le traducteur, en prenant le sens comme référence est poussé à méconnaître sa dimension imaginaire.
Translittérer est écrire en réglant l’écrit sur l’écrit, c’est-à-dire sur la lettre. La translittération vise l’homophonie, c’est-à-dire une sonorité équivalente, ou voisine mais ordonnée par une règle de correspondance entre lettres ; ce qui fait dire à Allouch que l’homophonie est dans le symbolique le nom de l’opération de la translittération quand elle prend de la voix.

Il peut être confirmé, suivant ces définitions qu’un nom se transcrit ou se translittère, il ne se traduit pas, faute de quoi il perdrait son statut de nom. Et l’étayage conceptuel d’Allouch invite à revenir sur le rapport de la lettre et du signifiant mis en jeu de façon paradigmatique dans le nom propre, il m’invite aussi à penser que si la fonction du signifiant est presque toujours associée à l’interprétation, son articulation explicite avec l’instance de la lettre l’était moins, et qu’elle est régulièrement oubliée, soumise à un refoulement qu’il s’agit de lever dès que l’occasion s’en présente. La lettre, mise en jeu dans la translittération est mise à jour par exemple dans certains lapsus, ou dans l’équivoque homophonique. La lettre enracine son efficace d’un effet de “casse”, dans ce qu’elle imprime, hors-sens, comme coupure dans le signifiant, le révélant adossé au nom-du-père et… tracé de l’Autre.

Après ce détour, je propose de reprendre ce qui concerne l’histoire de la patiente qui se scarifie. Il n’est pas rare de retrouver dans de tels agissements les résonances d’un temps antérieur de la vie du sujet – c’est-à-dire d’avant la puberté et son séisme physiologique – parfois datant de la prime enfance. Ces agissements semblent délivrer une trace non refoulée de la castration de l’Autre et ce que je nommerai, par un pari sur l’innommable qui se manifeste ainsi, l’originaire, un originaire dont la mise en représentation aura été jusque-là réduite à l’échec, rejetée hors du temps, et vouée à la prescription. Quand à l’adolescence, dans les suites de la puberté, les remaniements corporels et leurs corrélats sociaux mettent à l’épreuve la validité de la castration symbolique, quand celle-ci se trouve faire défaut, les scarifications effectuent une atteinte portée au corps inentamé de l’Autre spéculaire, une tentative avortée d’y faire un trou, de s’y faire un trou. Ainsi, ce masochisme déchaîné, persistant, comporte un autre versant qui est, comme cette patiente l’indique à sa façon, celui d’une interrogation radicale, massive, de la fonction de nomination, que Lacan a désignée du Nom-du-Père. Cette répétition de passages à l’acte qui finit , par l’offre d’une adresse qui ne se défile pas, qui s’inscrit dans un transfert, peut dans ce contexte être entendue comme une façon de mettre à l’épreuve la permanence de la loi symbolique. La mise à l’épreuve du cadre, de l’écoute qui confine à l’insupportable, paraît ainsi prendre valeur de tentative d’inscription d’un Nom-du-père. Or le Nom-du-Père désigne sans doute, pour un sujet, la fonction de la nomination liée à un lieu, point d’origine de cette fonction. Il est licite de supposer qu’une opération de cet ordre avait eu lieu dans le transfert entre cette adolescente et son analyste, opération donnée à lire au revers de cet acte d’inscription des lettres de son prénom sur un support, qu’on peut supposer métallique, et – pourquoi pas ? – « d’argent », dont on peut entendre qu’il nomme l’analyste, et qu’il la nomme précisément dans sa fonction d’adresse, c’est-à-dire de nom. Que cet acte fut reçu, dans l’embarras et l’incompréhension laissant l’analyste et l’analysante « à côté de la plaque », indique peut-être sa valeur de nomination, hors-sens, de prime abord intraduisible, reconnue comme telle et par l’une et par l’autre, à leur corps défendant. Qu’il m’apparaisse comme un trait d’esprit dénotant sur un versant l’affiliation et connotant sur l’autre la dette de ladite affiliation, dont le sujet cherche à s’acquitter d’un bout de métal poinçonné, laisse entendre que suivant une autre version, une autre portée d’interprétation pourrait lui être reconnue.

L’analogie avec Champollion me semble éclairante en ce qu’elle permet de saisir une caractéristique universelle du nom propre en tant qu’avatar du Nom-du-Père et qui est que ses lettres, sa sonorité, prennent le pas sur ses sens/connotations et significations/dénotations. Cette qualité est doublement illustrée, si je puis dire, par le travail de Champollion, puisqu’il a su traverser le leurre imaginaire, baigné de sens, de la figure hiéroglyphique pour en dégager la valeur littérale; ce qui concerne, au premier chef, la question de l’interprétation psychanalytique. Champollion prit le parti de considérer que dans les hiéroglyphes du cartouche s’articulaient, se nouaient des registres que ses prédécesseurs et contemporains considéraient inconciliables : à la capture imaginaire, idéographique du dessin, supposée sans connection directe avec le langage, il a rattaché la capture sonore qui caractérise le nom propre, capture sonore qui permet, entre l’assonance recherchée par la transcription et l’homophonie produite par la translittération, la transmission du nom. Ainsi produite, cette transmission du nom s’effectue au-delà des limites linguistiques et des frontières temporelles, ce qui n’est pas rien. Notre interprète s’est ainsi servi de cet extraordinaire passeur qu’est le nom, saisissant enfin que, là où d’ordinaire la signification et le sens prennent le pas sur le signifiant dans les textes traduits, le rapport s’inverse pour le nom. Il y a dans l’histoire de cette découverte, l’allégorie de ce que le nom et la fonction de signifiant qu’il soutient portent en recel de voix, de fondateur, d’originaire dans la parole et ce que l’écoute permet de délinéer de cet originaire, de le translittérer, ou de le transcrire. Le jeu entre les deux, largement à l’œuvre dans les formations de l’inconscient, pourrait s’avérer le révélateur, sinon le principe, de la distinction entre les registres de l’imaginaire et du symbolique. L’imaginaire quand par le nom on croit transmettre le réel, le symbolique quand par la translittération quelque chose s’assume d’une entame de cette transmission par la prééminence de la lettre sur le son et sa jouissance. Ce recel de voix originaire accroche le nom propre, sans l’y confondre, à ce que Jacques Nassif a désigné dans un de ses ouvrages comme l’« action chorétique » de la voix : c’est-à-dire cette fonction de “ porte-empreinte originaire” sur laquelle vont se constituer les objets pulsionnels. L’empreinte en question pourrait-elle s’entendre autrement que trace inscrivant la lettre?

Enfin, une dernière conséquence de ces remarques serait de considérer ce que la fonction du nom, jusqu’à présent exemplairement figurée par le patronyme dans la langue, supporte dans l’inconscient, c’est-à-dire cette façon de perforer le bel ordonnancement phallique du jeu entre signifiant, sens et signification dont le patronyme représente le fer de lance, le chef, la clef de voûte, le nom performe cette perforation par la mise au jour de la voix et de la lettre, au détriment du sens et de la signification, la voix et la lettre dont il est possible de constater par ailleurs qu’ils surgissent au creux de ce qui défaille dans la parole, du cri au lapsus. Incarnation langagière de l’intraduisible, le nom se trouve au bout de ce qui, de la langue approche de plus près, et parfois dissimule, l’innommable : l’ineffable ou l’indicible. Ainsi, par delà le mythe œdipien et ses piliers historiés d’hiéroglyphes figurant le petit ferrailleur et son escrime, je propose que si la métaphore paternelle inscrit la castration, si elle tranche, elle porte aussi l’ailleurs, l’irreprésentable de cet « infini ancestral qui se vit au présent », dont Brigitte Corani (2) parle dans un texte qu’elle a récemment élaboré ; reliquat de l’origine, ou lieu, champ au lion rugissant de l’originaire, le nom porte une ouverture intermittente à ce que l’on appelle, je crois, l’Autre Jouissance.

Je voudrais encore évoquer l’usage freudien du concept d’hiéroglyphe, et pour cela je m’appuierai sur cette citation connue de Freud et reprise par Allouch:  » En fait, l’interprétation d’un rêve est de part en part comparable au déchiffrement d’une écriture figurative de l’Antiquité comme les hiéroglyphes égyptiens » à quoi Allouch fait correspondre cette citation de Lacan : « l’inconscient non pas traduit mais chiffre ». Cela porte à considérer qu’en tant que formation de l’inconscient, le symptôme, dans ce qu’il comporte de métaphorique, est intéressé par notre propos sur la nomination et soustrait autant à la signification ou au sens qu’il autorise dans un deuxième temps logique une production supplémentaire du côté de ces fonctions langagières et qu’il effectue « la translittération là-même où elle fait défaut » (3). Pour le dire autrement, de même qu’il paraît nécessaire pour le linguiste et le traducteur que ce n’est pas qu’il puisse faire sens qui importe dans le nom propre, la fonction psychanalyste ne se déploie qu’à la faveur de ce temps de l’interprétation, où ce n’est pas qu’il puisse faire sens qui compte dans le symptôme.

C’est d’ailleurs sur cette question de temps logique que je voudrais dire encore deux mots: je ne prétends évidemment pas, parce que je ne le pense ni possible, ni pertinent, ordonner en une diachronie stricte les temps logiques supportés par la mise en jeu de la fonction de nomination, et que l’interprétation actualise dans le transfert. Certaines situations laissent ainsi entendre le passage en quelque sorte inverse à celui décrit pour « la patiente à la plaque », d’une phase d’interprétation portant sur le sens, une traduction, à une autre sur la lettre.

Il est enfin manifeste que l’inconscient joue avec les catégories nom propre et nom commun, phonème et signifiant, lettre et phonème, lettre et signifiant, langue maternelle et langue étrangère… les permutant à l’envi, sachant par exemple qu’il n’est pas rare qu’un mot repéré d’ordinaire comme un nom propre doive justement être entendu dans ce qu’il connote comme sens pour saisir l’enjeu d’une constellation symptomatique. Or si l’inconscient brouille les cartes à la frauduleuse manière d’un faussaire, il n’en semble pas moins jouer rigoureusement de ces distinctions conceptuelles propres au langage.

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[1] Fanny DARGENT : Conférence de l’Association Grenobloise de Psychanalyse Juin 2011

[2] Psychologue psychanalyste grenobloise

[3] J. Allouch , réf.déjà citée

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