Les états limites et la pratique psychanalytique

Groupe de travail proposé par Françoise Guillaumard et Michel Lehmann

La notion d’état limite est apparue au coeur même de la pratique psychanalytique. Il y a eu prise en compte de ses limites et remise en cause des références de la méthode première : la libre association, l’interprétation comme seul acte, l’attention flottante et le névrosé en tant que modèle d’analysant. Ainsi, parallèlement au paradigme de la cure-type, se mettait en place un autre modèle, de travail analytique également. Ferenczi en a été le premier artisan. C’est pourquoi dans cette première année de notre groupe de travail nous avons interrogé ses élaborations. Par la suite, Winnicott a proposé une nouvelle conception de la cure : « ce n’est pas seulement un temps d’interprétation ou de relecture du passé. La relation entre patient et analyste prend toute sa valeur dans l’ ‘’ ici et maintenant ‘’, puisque c’est une nouvelle page de vie et relation interhumaine qui se joue »1. Ce qui remet la parole au centre de la relation psychanalytique, son pouvoir, sa richesse et sa qualité d’objet d’échange. Dans cet espace transitionnel, elle trouve sa créativité, son inventivité. Elle accueille, propose, soutient, dénomme. Comment les théories rendent-elles compte de cette opérativité, comment l’inspire-t-elle ?

S’agit-il d’un autre paradigme pour la psychanalyse où l’analyste ne serait plus seulement archéologue mais aussi architecte ? Comment s’articulent alors au cas par cas ces deux dimensions ?

Le livre de Bérengère de Sernaclens Le défi des états limites nous a permis d’avancer. Se référant à des travaux de psychanalystes de la mouvance de la Société de Psychanalyse de Paris, cet ouvrage se centre autour de la question : comment du matériel inconscient non symbolisé, qui se manifeste par des passages à l’acte, des troubles psychosomatiques, des éprouvés de chaos affectifs, de déshérence… de
quelle façon peut-il être introduit dans la parole ? Comment un processus de subjectivation bloqué dans un stade précoce peut-il être remis en marche ? A cet abord par les questions de la pratique succède, dans le temps présent de notre travail, un abord par la question de la structure. C’est ce que réalisent des auteurs inscrits, eux, dans la suite de l’enseignement de Lacan : Jean Pierre Lebrun, Roland Chemama en
particulier. Il y aurait eu opération de la métaphore paternelle, mais elle se serait effectuée de façon incomplète. Et un tel défaut serait en rapport avec l’état de notre société contemporaine où la place du Nom du Père est fragilisée et sa fonction menacée.

Dans notre cheminement, nous faisons une large place aux témoignages de l’expérience et aux questionnements qui y prennent naissance. Nous déterminons les textes à travailler au fur et à mesure de notre avancée et deux sont déjà prévus : « L’appel de transfert et la nomination » de Suzanne Ginestet-Delbreil et « L’homme aux loups » considéré par certains comme le premier cas d’état limite dans l’histoire de la psychanalyse.

  1. Laura Dethiville- Introduction- « Winnicott, un psychanalyste dans notre temps »- Lettres de la SPF 2009/1 (n°21). ↩︎

Groupe de travail également inscrit dans les activités du groupe régional de Grenoble de la Société de Psychanalyse Freudienne.

Le 1er mardi du mois à 20h
Première rencontre le mercredi 25 septembre 2024 à 20 heures, puis
le 3ème mercredi du mois

(Lieu à déterminer)

Pour tout renseignement, s’adresser à :
michel.lehmann @ gepg.org

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