Transmission et folie
Il n’est pas rare que les équipes soignantes et éducatives en psychiatrie soient confrontées à des situations difficiles où la folie d’un ou des deux parents vienne perturber la fonction parentale au point d’entrainer des effets dommageables sur le développement affectif et cognitif de leur enfant.
Parcours et nouage du fantasme
Après-coup du séminaire sur le fantasme juin 2011
Avec Freud, la notion de fantasme, qui jusqu’alors était synonyme d’une production imaginaire détournant le Moi de la réalité, va prendre la consistance d’un dispositif de jouissance ordonnant les relations du sujet à ses objets. Ce pas va lui permettre de déplacer la question de la causalité psychique d’un événement traumatique à la scène fantasmatique. Si le symptôme hystérique est l’expression et une défense contre un fantasme inconscient, il incombe donc en vue d’un dénouement possible d’examiner en quoi un fantasme serait traumatique pour le Moi. En savoir plus
Lettre aux psychiatres en formation
Une introduction à un entendement possible de la pensée délirante.
L’enseignement au cours de cette année avait pour visée de montrer qu’il y a de la pensée dans l’expérience psychotique et donc un sujet qui tente de se faire entendre et reconnaître par un Autre.
Socialement, le psychiatre, lieu d’adresse du sujet psychosé, occupe cette place de l’Autre( la majuscule dénote l’écart nécessaire d’une écoute pour qu’une parole ne soit pas réduite à son sens le plus immédiat comme dans une conversation). Il importe donc qu’il ait quelques notions des caractéristiques et enjeux du dire dans la psychose. Ceci implique de ne pas réduire la folie à une maladie d’organe ou à un déficit biologique ou psychologique. Bien qu’abandonnée depuis longtemps, l’assimilation historique de la folie à une démence n’a pas complètement disparue de nos préjugés, comme en témoigne le retour d’un intérêt pour les troubles cognitifs dans les psychoses. Nous devons donc en préliminaire revenir sur ce qui caractérise l’expérience psychotique.
A propos d’un malaise dans la psychanalyse
Un certain nombre de faits semble témoigner d’un reflux des positions occupées par la psychanalyse dans les champs du traitement de la souffrance psychique et de la culture. Elle est ainsi en voie de disparition dans l’Université et contestée comme référence pour penser le symptôme dans les institutions soignantes. Les psychanalystes évoquent une raréfaction des demandes de cure ; les associations de psychanalystes semblent en panne de vocations et déplorent une certaine désaffection de leurs membres pour la cause psychanalytique.
Un mystère plus lointain que l’inconscient
« Un mystère plus lointain que l’inconscient »
Note de lecture sur le livre d’Alain Didier WEILL
Novembre 2011
Isabelle Carré
Alain Didier Weil est analyste, il a fondé en avril 2002 avec des analystes et des artistes le mouvement « Insistance » qui est un mouvement de recherche sur la part de l’être parlant mise en jeu dans l’acte de création.
Alain Didier Weil est l’auteur de multiples livres, articles, créations artistiques. Il a écrit, parmi d’autres… » Les Trois Temps de la Loi », auquel il se réfère dans ce texte comme une relance, » Lila et la lumière de Vermeer », « l’inouï de la note musicale, l’invisible de la tache de couleur du peintre, et l’impondérable du pas de deux du danseur. » (Alain Didier WEILL, « Lila ou la lumière de Vermeer » 2004), des pièces de théâtre, dont un volume vient de sortir en 2010. (« Vienne 1913 », 2006, « Jimmy », 2001, « L’heure du thé chez les Pendlebury », 1992… etc) et le bien connu « Quartier Lacan », Denoël, 2001.
L’écriture d’Alain D.W. a gardé toute sa limpidité et son éclat depuis « Lila et la lumière de Vermeer », qui reste sans aucun doute un livre à part dans les écrits récents sur la psychanalyse. Nous retrouvons les thèmes précieux à Alain Didier-Weil, mais ce texte n’est pas une redondance des écrits précédents, même si certaines pistes se répètent, se parcourent de nouveau et se rejouent plutôt. Mais c’est bien évidemment en répétant que vient l’essence de la pensée, et que se produisent les déplacements psychiques. En savoir plus
Quelques remarques sur la réglementation de la pratique des psychothérapies
L’usage du titre de psychothérapeute est maintenant régi par le décret paru au J.O. du 22 mai 2010. Il ne s’agit pas seulement d’un titre qu’on exhibera à coté d’une qualification professionnelle actuellement en usage, mais d’une nouvelle profession qui coexistera dans le champ de l’offre d’écoute et (ou) de soins avec celles des psychiatres, des psychologues et des psychanalystes. Cette nouvelle profession a été voulue et imposée par le pouvoir politique. Il importe que nous prenions la mesure de cet acte, de ses incidences sur la pratique et la transmission de la psychanalyse. Il se peut, par ailleurs, que des psychanalystes ne puissent travailler en institutions médico-sociales que sous ce titre. Cette situation devrait amener les associations de psychanalystes à penser leur place et leur fonction à l’égard du pouvoir politique et de la Cité en produisant un discours susceptible de faire entendre la singularité de l’acte analytique .
Les amoureuses
Voyage au bout de la féminité.
Clotilde Leguil.
Ce livre sympathique trace le parcours cinématographique de trois héroïnes de films, suscitant une occasion de s’enfermer dans une salle obscure pour fuir la chaleur oppressante d’un début d’après-midi d’été, ou une rentrée un peu bousculée et bousculante. Ce livre a donc pour sujets des personnages imaginaires, des figures féminines tout droit surgies de l’inconscient et de l’écriture de leurs scénaristes et réalisateurs, des femmes fictives mises à la question clinique par l’auteur, avec précision et justesse. C’est bien là toute la qualité du livre et pourtant le principal regret que j’ai eu en le lisant: une étude fouillée de chaque film, de ses personnages, Lux, dans Virgin suicides, de Sofia Coppola, Christa, dans La vie des autres, de F. Henckel, et Diane, dans Mulholland Drive de David Lynch, mais qui reste collée à l’écran, et ne va pas chercher d’écho dans la clinique analytique, et reste par là même un peu figée, suspendue à l’interprétation de l’auteur, sans résonance inconsciente. La progression est juste et agréable à lire, ne se noie pas dans ce que JB. Pontalis a toujours refusé, et appelé le langage spécialisé, ce qui rend le texte accessible, mais donne le sentiment par instants d’être bien plus une analyse appliquée qu’une analyse impliquée, lui permettant de vérifier que les concepts freudiens et lacaniens fonctionnent bien et sont superposables, la réalité des concepts prenant le pas ou dépassant pourtant parfois la fiction du film. Il fait souligner qu’analyser des films, comme des romans, est toujours périlleux et qu’il est bien difficile de rester en équilibre sur le fil. Comment continuer à se laisser surprendre par le texte ou les images au delà de l’analyse première et immédiate?
De quoi le symptôme est-il le nom ?
Le symptôme dans le discours médical nomme un écart observable et quantifiable par rapport à une norme avant même d’être le signe d’un syndrome ou d’une maladie. Les versions successives du DSM reprennent ces exigences de l’ »évidence based medecine ». Leur acte de nomination, qui se prétend purement descriptif, révèle un choix idéologique. En effet, substituer les troubles somatoformes à l’hystérie de conversion revient à rejeter hors du champ de la clinique la dimension du sujet et du désir, telle qu’elle s’exprime dans la demande adressée à un Autre supposé savoir. Que penser d’une prétendue objectivité qui exclut à priori un champ, celui où se manifeste la singularité subjective ? Celle-ci se trouvant, de fait, ravalée à une problématique de l’objet, ce qui a généré dans le social la prolifération de lois de protection de l’usager et institue le juridique comme palliatif à l’absence de réflexion éthique sur la condition subjective. En savoir plus
Identifications et destins des identifications
Journées d’Analyse Freudienne 2009
Freud a choisi le terme d’identification plutôt que celui d’identité pour décrire les différentes modalités selon lesquelles la singularité d’un sujet se manifeste dans sa présence au monde. Ce choix n’est pas anodin, il souligne que ce qui nous distingue des autres est fait d’emprunts multiples aux personnages que nous aimons ou avons aimés. Ce constat issu de l’expérience de la psychanalyse écorne notre narcissisme et s’accompagne d’un sentiment d’incertitude sur notre désir dans la mesure où il n’échappe pas à l’identification. Il se révélera, ce qu’il a toujours été, désir de l’Autre.
Cette présence de l’étranger au plus intime de l’Être est difficilement pensable et acceptable. On comprend qu’elle puisse susciter déni et rejet qui se traduisent dans la réalité sociale et politique par des phénomènes de passions identitaires et xénophobiques. En savoir plus
Les temps logiques du transfert
Ce texte est une reprise d’une intervention dans le cadre d’une table ronde où chaque intervenant devait évoquer les temps logiques du transfert à partir de sa pratique.
L’analyse du transfert passe, à juste titre, pour être ce qui distingue la psychanalyse des différentes pratiques psychothérapiques. Il n’est donc pas étonnant qu’elle se soit imposée au rythme de la constitution de la doctrine freudienne. Absente des Études sur l’Hystérie, négligée dans Dora, elle apparaît seulement en 1907 dans l’Homme aux Rats comme le moteur de la cure et de la résolution des symptômes. En savoir plus