GEPG - Psychanalyse

L’inventivité du symptôme

En attendant Lille…

Lorsque Freud prit la plume pour affirmer la légitimité de la psychanalyse pratiquée par les non-médecins, il la justifia par la situation inédite des praticiens d’une « science  nouvelle » qui, de ce fait, n’avaient pu être formés à l’exercice de leur profession par l’Université. Aujourd’hui, la psychanalyse laïque ne peut plus se prévaloir ni de la nouveauté, ni de la science, mais seulement des conditions spécifiques à la transmission de la psychanalyse dont chacun sait qu‘elle repose, au premier chef, sur l’analyse du futur analyste. Toute ingérence extérieure  qui se proposerait d’en contrôler l’effectuation, en dévoierait le cours. En savoir plus

La psychanalyse et la notion de spiritualité

La psychanalyse et la notion de spiritualité

Séminaire de novembre 2013

Isabelle Carré

« Nous nous sommes attaqués à une question très neuve, la preuve de l’existence de Dieu et nous sommes arrivés à la conclusion que nous étions les élus et que nous avions une mission auprès de vous…» C’est bien la question que nous pourrions poser : «qu’est-ce que croire ?»

Depuis peu, certaines revues ont trouvé un nouveau Dieu : la spiritualité, elle est à toutes les sauces ; difficile d’ouvrir une revue de psychologie, de sciences humaines ou de philosophie sans tomber sur ce terme employé de manières plus que multiples, comme un signifiant insistant, dans certains aspect de la méditation, du yoga, de la spiritualité laïque, ou dans des formules comme « la méditation est la nouvelle psychanalyse », qui glissent malgré eux et tombent parfois, mais fort heureusement pas toujours, dans les rets du positivisme. Il existe une myriade hétéroclite de pratiques visant à spiritualiser l’être humain. Mais il manque comme une pièce au puzzle, ou une parole sur ces mots apposés au point qu’ils ne signifient plus rien. David Servan Schreiber écrivait en 1999 dans Guérir :

« Les chanceux trouvent un peu d’écoute et de compréhension sur l’oreiller ou sur le divan. Pour les autres, c’est chacun sa merde. Dans le temps, on priait pour se plaindre ou implorer un coup de main; maintenant on avale Valium ou Prozac, et l’on sent bien qu’il manque une pièce au puzzle. Au tournant du siècle, on parle de plus en plus de spiritualité, mais l’on ne sait pas précisément ce que c’est. Mot valise dont on peut sortir ce qui nous arrange: écoute inspirée d’une cavatine de Schubert méditation zen, contemplation de la voûte étoilée – avec variante collective en cas d’éclipse -, lecture de Krishnamurti, orgasmes simultanés les yeux dans les yeux, odeurs d’encens, chants rythmés pendant une visite papale… Et pour ceux qui se sentent isolés, adhésion aux témoins de Jéhovah? » En savoir plus

Des « constructions dans l’analyse » de S. Freud à l’ab-sens de l’autre

Lire, relire Freud. C’est l’invitation qui m’est venue d’adresser aux soignants d’un établissement qui accueillait des adolescents présentant des pathologies caractérisées par la réitération de passages à l’acte suicidaire ou auto-mutilants. Ces passages à l’acte se révèlent avoir un effet résolutoire, mais temporaire, sur l’angoisse, ce qui par effet addictif entretient leur répétition. Ces adolescents répètent faute de se laisser le temps ou de pouvoir se remémorer. Devant la sévérité de ces passages à l’acte, ces soignants m’interrogeaient sur l’opportunité de donner du sens à ces conduites pour tenter d’en rompre la répétition et les risques parfois vitaux. En savoir plus

D’un fétichisme à l’autre

La psychanalyse, plus précisément dans son orientation lacanienne, entend le symptôme comme un fait de langage. Cela revient à dire qu’il obéit dans sa constitution à la logique langagière, tant dans son aspect formel, que par la jouissance inhérente à lalangue. Il représente une manière singulière de faire objection à l’absence du rapport sexuel, tout en répétant cette absence sous la forme d’un empêchement. Sa singularité est relative, puisque la dimension discursive du lien social imprime aussi sa marque sur l’aspect manifeste du symptôme. Ainsi, à certaines époques, l’hystérie a pu être la forme d’expression du conflit psychique, alors qu’en d’autres temps, c’est par la dépression qu’il se manifestait. Il s’agit là de moments où la plainte ne semble audible qu’en s’exprimant avec certains signifiants. Comme si, un certain consensus social s’établissait sur la manière dont pouvait se dire et être entendue une objection à la propension du discours du Maitre à faire univers par la norme qu’il édicte avec ses signifiants-maitres. En savoir plus

Contribution au débat ouvert par la question : « De quelle haine la psychanalyse est-elle le nom ? »

La haine est un affect familier pour le psychanalyste. Elle prend parfois un caractère passionnel qui laisse entendre, quand elle se porte de manière explicite sur un personnage, ce qui est son envers, un amour déçu ou plus exactement indicible. Pourquoi donc nous émouvoir d’une haine dont la psychanalyse, depuis ses débuts, ne cesse pas d’être l’objet ? La ténacité de cette haine ne connote-telle pas, par cet affect, l’insistance du retour du refoulé et que l’inconscient ne cesse pas de travailler le corps social ? Ce qui en soi situe, voire institue, le psychanalyste comme un lieu d’adresse et la haine, telle une dénégation, en témoignerait. En savoir plus

Un temps préliminaire à l’interprétation

Texte paru dans la revue Analyse Freudienne Presse, numéro 20, L’interprétation, son acte et ses effets, 2013, Erès. En savoir plus

A propos de la conviction délirante

Au cours de ces soirées, où nous mettons au travail les questions qui émergent des points de butée de notre pratique, je voudrais aborder un aspect insistant de notre expérience avec les sujets psychosés : la fixité au cours d’une existence de la conviction délirante. Plus exactement le caractère inentamé, une fois établie, d’une formulation délirante, même si son investissement peut être fluctuant dans le temps au point de laisser croire à sa résolution. En savoir plus

L’objet de la psychiatrie

Le débat auquel nous convie J.J. Fuster pourrait se réduire aux avantages et inconvénients des différents systèmes de classifications des affections psychiatriques puisque la notion de troubles de l’humeur introduite par le DSM  s’est substituée d’une manière extensive à la psychose maniaco-dépressive de Kraepelin. Il me semble souhaitable de replacer ce débat dans un contexte plus large qui est celui d’un questionnement sur l’objet de la psychiatrie, dans la mesure où celle-ci se situe dans le champ de la science et qu’une discipline n’est consistante que par la définition de son objet. En savoir plus

Quelques remarques, en après-coup, pour en susciter d’autres

L’initiative de reprendre un travail de réflexion sur la Shoah nous est venue de livres qui en parlaient sous une forme romancée. Cette tragédie de l’Histoire n’y était plus évoquée sous la forme de récits, de témoignages ou de travaux d’historiens mais devenait un moyen de figuration pour des fictions romanesques (cf. Les Bienveillantes) ou filmées (le film de Bénigni). On se souvient que cette forme d’expression concernant la mémoire de la Shoah a suscité des controverses, au cours desquelles furent dénoncées une atteinte portée à la mémoire de la réalité subie par les victimes du fait de son usage pour des productions de fictions. Cette objection recevable, ne devait cependant pas nous empêcher de nous questionner sur ce que signifiait cette évolution du discours sur la Shoah. L’hypothèse retenue fut de l’entendre comme un travail de mémoire. Après le temps de la sidération qui suivit la Deuxième Guerre Mondiale, puis celui de la remémoration qui débuta après le procès Eichmann et qui culmina avec le film Shoah de Lanzmann, adviendrait un temps de « métaphorisation » de la dimension traumatique de cette tragédie de l’histoire. En savoir plus

Quelques remarques en guise de réponse impossible à une question :

« Qu’est-ce que la psychanalyse pour nous au sein du GEPG ? »

Il peut paraître étrange que des praticiens exerçant parfois depuis longtemps semblent demeurer encore dans un questionnement sur la nature de leur acte, à tel point qu’il serait légitime de douter de la consistance de leur discipline. Certains y verront les stigmates de la névrose qui les a poussé vers ce métier, d’autres invoqueront un masochisme incurable. Ecartons ces moqueries, c’est une question sérieuse et peut être celle qui atteste, dans la mesure où elle demeure une question, d’une position éthique. En savoir plus