Cartel sur le fantasme
Groupe de travail proposé par Nizar Hatem
Quand le patriarcat était la règle, il devient aujourd’hui obscène dans les normes de la pensée, sinon dans les mœurs, et au mieux, prête au malaise- au pire, à la condamnation. Dans ce contexte, que reste-t-il du fantasme freudien et de sa logique phallo-centrée ? son cadre vient-il encore donner consistance à la réalité, quitte à prendre une forme inédite? Les nouvelles lignes du tabou et de l’interdit, les nouvelles formes de la langue, la fluidité supposée du genre laissent-elles à l’impossible les traits de la sexuation ? C’est dans un dialogue avec le séminaire de Lacan sur la question, et sa lecture sur l’année, que nous chercherons à retrouver les termes contemporains du fantasme.
Nous poursuivons cette année notre lecture du séminaire de Lacan sur la logique du fantasme.
Par la suite, nous entamerons le séminaire de Lacan sur les quatre discours, intitulé L’envers de la psychanalyse, début 2022
La problématique de la jouissance en psychanalyse
Séminaire proposé par Albert Maître
Alors qu’il insistait pour que l’homme aux rats lui révèle le contenu de son obsession, Freud remarquait sur son visage : « une expression complexe et bizarre, expression que je ne pourrais traduire autrement que comme étant l’horreur d’une jouissance par lui-même ignorée »1. Il s’agit donc d’un évènement du corps qui s’impose comme le soulignait Lacan sur le mode du constat : « L’inconscient, c’est que l’être en parlant, jouisse et, j’ajoute, ne veuille rien en savoir du tout »2.
La jouissance qui se révèle alors que le sujet parle de sa souffrance illustre la complexité du symptôme et le fait qu’il y tienne. Cette jouissance est-elle un obstacle au déroulement de la cure psychanalytique ou bien ne témoigne-t-elle pas d’une satisfaction devant la création du symptôme et ses effets de limitation sur l’angoisse ?
Pourtant, cette jouissance peut être ressentie douloureusement, lorsque dans les psychoses le sujet se plaint d’être l’objet de la jouissance de ses persécuteurs.
Ajoutons que l’expérience mystique témoigne d’une jouissance ineffable et infinie qui a pu évoquer celle qui serait propre à la dimension du féminin par opposition au caractère limité de la jouissance phallique.
Ainsi les questions que pose la notion de jouissance en psychanalyse méritent notre attention d’autant plus qu’elles concernent aussi la pratique du psychanalyste et la jouissance qui lui est inhérente.
1- S. Freud, Cinq psychanalyses, Paris, PUF, 1973, p.207
2- J. Lacan, Encore, livre XX, Paris, Seuil, 1975, p.95
Les lundis à 21h aux dates suivantes
15 novembre 2021, 17 janvier, 21 mars et 16 mai 2022
A Grenoble
(Salle à préciser l’information sera présente sur le site)
ou via Zoom si les conditions sanitaires l’exigent
Pour tout renseignement s’adresser à
albert.maitre @ gepg.org
Groupe de travail sur le site GEPG
Ce groupe de travail se réunira exclusivement par visioconférence de manière à consulter le site en même temps que nous en parlerons, notamment grâce à la fonction « partage d’écran » proposée par Zoom.
Nous y aborderons toutes les questions qui animent les participants concernant le site, notamment les suivantes qui ont déjà été ouvertes lors des années précédentes :
- la refonte du chemin d’accès aux articles,
- la redéfinition de la catégorie « actualités culturelles » ou bien la mise en place de moyens pour que cette catégorie reste pertinente,
- la requalification de l’espace technique nommé actuellement « espace membre » ou bien la création d’un véritable espace membre,
- la rédaction d’une charte,
- le repositionnement de la plaquette dans l’arborescence du site.
Le mercredi à 20h30 aux dates suivantes
17novembre 2021 19 janvier et 30 mars 2022
Via Zoom
Ce groupe de travail est interne au GEPG
Pour tout renseignement, s’adresser à
michael.gioria @ gepg.org
La force de vivre
Séminaire proposé par Isabelle Carré
Les écrivains qui racontent des situations d’épreuves, de drames personnels ou historiques témoignent des capacités différentes à éprouver, traverser des situations de souffrance, de déstabilisation ou de confrontation à la mort.
Le nombre croissant de demandes de consultations des jeunes générations depuis mars 2020 m’a interrogée, en écho lointain, dans cette période inconnue de perte des repères habituels. Comment se confrontaient-ils au réel ? De quelle manière la parole circulait et tentait d’inventer ou se paralysait dans des positions de défiance, de déni, de repli phobique, de conflits, d’opposition. Le nombre d’étudiants qui ont abandonné leurs cours à la faculté est vertigineux, comme les situations d’angoisse et de panique, de conduites de résignation ou de révolte également, de rechute dans des addictions aux produits ou aux écrans.
Qu’est-ce que la psychanalyse peut apporter dans de telles situations où la vie semble perdre son sens, son rythme, dans ces moments de confrontation à l’indicible, l’inconnu, avec des périodes de face à face brutal et glaçant avec soi-même ?
Comment un travail d’écoute et de parole nous aide à penser le monde dans sa dimension tout à la fois absurde, aléatoire et tragique, et laisse s’exprimer une capacité de création, d’invention, d’improvisation, de résilience ? Parce que la résilience, pour Boris Cyrulnik, « ce n’est pas seulement résister, c’est apprendre à vivre ».
Nietzsche a développé le concept de l’amor fati, ou amour du destin, qui est une tentative d’appréhender cette force de vie, au-delà de toute transcendance religieuse et dans l’imminence la plus totale. C’est aimer le réel tel qu’il est, dans son caractère incertain, et dans une acceptation non passive, vers une pensée qui garde un horizon, ne cède pas au vertige du nihilisme, et laisse la capacité d’encore désirer. Nous confronterons sa philosophie à des textes plus contemporains.
Nous travaillerons d’abord sur un roman : Aké, les années d’enfance, de Wole Soyinka.
Puis nous enchaînerons avec le livre IV du Gai savoir de Friedrich Nietzsche, et nous échangerons autour de quelques films : Un héros de Ashgar Farhadi, The Gravedigger’s wife de Khadar Ayderus Ahmed, Une histoire d’amour et de désir de Leila Bouzid, et Face à la mer ainsi que Waves 98 d’Ely Dagher.
Le 1er mardi du mois à 20h30
A partir du 5 octobre 2021
A La Tronche 45 chemin des grenouilles
Pour tout renseignement s’adresser à
Isabelle.carre @ gepg.org
Cartel sur la publication
Le Groupe d’Études Psychanalytiques de Grenoble s’est doté d’un site Internet depuis quelques années, ce qui introduit, quant à la diffusion des textes écrits par ses membres, une dimension inédite et supplémentaire, distincte de la publication classique sous la forme du recueil imprimé. C’est la mise à disposition sur le site qui vaut pour passage au public de ces écrits.
Or « publier » ne se réduit pas au pur passage d’un texte d’une sphère privée à la sphère publique. Au contraire, cet acte s’inscrit dans le cadre d’un processus ou d’un parcours au long duquel la publication suscite des échanges et constitue un véritable vecteur de parole.
Si cette publication en ligne, fidèle à l’esprit de notre association, repose pour l’essentiel sur l’initiative de l’auteur et son désir, quelques autres participent déjà de cette auteurisation, dans une adresse préliminaire (groupe de travail, séminaire, colloque…), bien plus qu’en guise d’autorité. Souvent, cette adresse précède le désir de publier sur le site du GEPG.
Nous proposons à travers ce cartel d’élaborer la spécificité du dernier temps de ce processus, d’un passage au public par le site de notre association, et, si possible, que cette élaboration aboutisse à un dispositif de publication – contribution au désir de travail et de parole, dans notre association et au-delà
Dates et lieux à définir Cecartel est destiné aux membres du GEPG et de l’I AEP Pour tout renseignement, s’adresser à michael.gioria @ gepg.org ou nizar.hatem @ gepg.org
Un concept clinique… Un Film
Aimer et se laisser aimer.
Groupe de travail proposé par Pierre Kammerer.
Certains films illustrent à merveille un concept clinique.
Ils concernent souvent ceux et celles qui, comme nombre de nos patients, sont plus ou moins « empêchés», lorsqu’ils voudraient aimer ou se laisser aimer.
Nous évoquerons l’accès à la position dépressive et les empêchements du sujet lorsqu’il n’a pas pu y parvenir. Nous envisagerons aussi comment la représentation de leur destructivité (Thanatos), s’ils n’ont pas pu, de manière sécurisante, la soumettre au primat du vivant et de l’amour (Eros), peut rendre très difficiles leurs rencontres amoureuses. Ceci dès leur traversée Oedipienne. (cf D.W. Winnicott : La position dépressive dans le développement affectif normal, In De la pédiatrie à la psychanalyse). Payot.
Nous regarderons et commenterons ensemble :
- Saint Laurent (Bertrand Bonello),
- Le dernier tango à Paris (Bernardo Bertolucci),
- Salo ou les cent vingt journées de Sodome (Pier Paolo Pasolini),
- La venus à la fourrure (Roman Polinski),
- Singue Sabour (Attik Rahimi),
- Portier de nuit (Liliana Cavani),
- Les innocentes (Anne Fontaine),
- Pierrot le fou (Jean Luc Godard),
- Les invisibles (Julien Petit),
- Avoir vingt ans dans les Aurès (René Vautier),
- Le nom des gens (Michel Leclerc),
- La dolce vita (Federico Fellini)…
Et sans doute d’autres films proposés par les uns et les autres participants.
Un mercredi soir par mois vers 20 heures (si cela convenait au plus grand nombre).
Si nous étions peu nombreux dans les deux groupes que je propose, nous pourrions envisager de les fusionner .
La défense perverse contre la dépression…et sa formation réactionnelle
Groupe de travail animé par Pierre Kammerer.
Tout a commencé il y a bien longtemps (parfois plusieurs générations) : « Ils » lui avaient fait croire qu’ils l’aimaient. Mais ils refusaient régulièrement de le lui montrer, de le mettre en valeur, de le soutenir et d’accueillir ses «dons» Et s’il (si elle) avait besoin de leur protection, ils le trahissaient. Et il avait tant besoin d’eux qu’il ne pouvait ni les démasquer, ni les détester. La dépression menaçait et personne ne viendrait jamais l’en sortir.
Alors, tout se passe comme si, au seuil de l’effondrement, le sujet s’était «sauvé» par l’ identification à l’agresseur (Anna Freud, puis Sandor Férenczi), et par… la défense perverse.
Désormais, ce serait lui qui promettrait et trahirait, lui qui ferait croire l’autre en son amour et qui l’en priverait, lui qui le narcissiserait puis le dévaloriserait… Lui qui l’élèverait au pinacle puis l’en ferait chuter pour s’écraser dans l’humiliation…
On reconnait là le scénario des Don Juan en tous genres.
Et le sujet traverserait la vie ainsi, se protégeant, par la jouissance offerte par son rôle, de l’effondrement qui le menaçait.
Mais bien-sûr, il ne faudrait pas que ça se voie …surtout de lui-même. Et pour cela, le sujet déploierait, sur le champ social notamment, tous les attributs et comportements d’une «très belle personne»…Sincèrement. Ainsi, il serait protégé d’un retour de culpabilité consciente.
Parmi nos patients, nous ne rencontrons de pervers de ce type que lorsqu’ils se sentent, malgré cela, menacés d’effondrement. Mais nous rencontrons souvent leurs victimes aveuglées…Et nous rencontrons ceux qui «hésitent» entre se permettre ou s’interdire cette défense perverse. A eux et à nous de découvrir une troisième voie à travers le jeu Transféro-Contretransférentiel et, à travers leurs élaborations et les nôtres.
Ce Groupe puisera à des textes théoriques, à des vignettes cliniques et
à des films.
Un mercredi soir par mois, chez Pierre Kammerer.
Quelle place pour le sujet dans la pratique psychanalytique?
Séminaire proposée par Isabelle Carré
Le terme sujet a entraîné des méfiances en psychanalyse, surtout chez S. Freud, du fait de ses résonances philosophiques, du côté de la conscience et de la rationalité. Il est un terme pourtant central et nous nous emploierons à explorer ses origines et ses implications dans la clinique actuelle, sur le plan théorique et pratique.
Quelle relation pouvons-nous établir entre le sujet de l’inconscient, en prise avec des pulsions et ses fantasmes, et le sujet désirant, ou encore le sujet barré et divisé chez J. Lacan? Quelle place a-t-il dans une société de plus en plus individualiste où se prône pourtant l’accomplissement de soi ? La subjectivation qui consiste à se réaliser en tant que sujet rejoint-elle ces notions ? Ou encore, qu’est ce qui fait d’un être un sujet sexué?
Notre société positionne l’individu de manière centrale et contradictoire dans une certaine idéologie à se réaliser, tout en le niant dans ce qu’il est. Les demandes d’arrêt de travail pour burn-out sont récurrentes, la sensation de perte de sens, d’être pris de vitesse, d’avoir de moins en moins de temps, de se perdre, revient comme un leitmotiv et conduit certains à des passages à l’acte.
Il semble nécessaire et paradoxal d’être dans le cadre, tout en étant original, en sortant du commun, dans des injonctions contradictoires : privilégier son bien-être et progresser en se dépassant, en se déplaçant, en tirant le meilleur partie de nous-mêmes. Ici, est-ce l’individu, produit de la société économique libérale, capable de créer de la valeur marchande, l’ego de l’ego-psychology ou le sujet qui est en jeu?
La notion de sujet reste donc très incertaine et se confronte à l’exigence d’être soi, elle pose une infinité de questions et nous débuterons par un extrait du dernier livre de Florian Henckel von Donnersmarck, « l’oeuvre sans auteur », puis un passage du livre d’Eva Illouz, « Pourquoi l’amour fait mal? » .
Le séminaire débutera le quatrième mardi de septembre, le mardi 24 septembre 2019 à 20h30
L’angoisse dans la pratique du psychanalyste
Séminaire proposé par Albert Maître
La clinique du sujet en souffrance se caractérise aujourd’hui, de manière élective, par l’incidence des agirs, des addictions et de la dépression qui, rappelons-le, est à entendre comme un travail de deuil impossible ou contrarié de l’objet.
Ces modalités cliniques ont en commun de permettre un évitement de l’angoisse, qui est la manière dont s’exprime la souffrance psychique, soit ce qui demeure en souffrance d’être dit du fait de l’immixtion pullulante des objets. Elles réalisent ainsi un court-circuit de l’énonciation, si bien que le signal que l’angoisse peut faire entendre sur les conflits ou les impasses du sujet demeure lettre morte.
Cette dimension de la signification potentielle de l’angoisse a été un apport freudien, alors que pour le discours médical, l’angoisse demeure une peur sans objet, relevant d’un traitement symptomatique dont on peut déplorer aujourd’hui les addictions qu’il occasionne.
Mais, l’angoisse se manifeste aussi dans la pratique de la psychanalyse. Elle peut être éprouvée autant par l’analysant que par l’analyste et sa méconnaissance peut engendrer des perturbations du cours de l’analyse, tels des passages à l’acte ou des acting-out. D’où la nécessité d’un retour sur la sémiologie de l’angoisse distinguant, une anxiété souvent méconnue parce que non dicible, d’une angoisse dont l’expression somatique devrait pourtant attirer l’attention et susciter une écoute avertie de son contexte énonciatif et de ses vicissitudes, car l’angoisse manifeste l’éprouvé d’un excès de jouissance que la parole n’a pu encore entamer et convertir en désir. Ainsi, serons-nous amenés à entendre l’angoisse, non pas comme une souffrance à éradiquer, mais plutôt comme une incitation à être réceptif à ce qui insiste à se faire entendre.
Bien entendu, les textes de Freud sur l’angoisse et le séminaire éponyme de Lacan seront des jalons dans notre cheminement de cette année.
Le séminaire se déroulera au salon Puy de la clinique du Grésivaudan 38700 La Tronche les : 18 novembre 2019, 16 décembre 2019, 20 janvier 2020, 17 février 2020, 16 mars 2020, 18 mai 2020.